Les participants de la cérémonie de clôture à l’Institut Pasteur de Madagascar
APRECIT focalise ses efforts sur une problématique cruciale mais souvent négligée : le dépistage et la prise en charge de l’infection tuberculeuse latente (ITL). Des actions pourtant essentielles pour prévenir la maladie active dans des régions où la tuberculose reste une menace majeure pour la santé publique.
A cet effet, le projet a évalué le rapport cout-efficacité de plusieurs stratégies de dépistage et de prise en charge de l’ITL, durables, et adaptées aux réalités socio-économiques de Madagascar et du Cameroun. Une intervention communautaire a été déployée pour identifier les personnes les plus vulnérables à la tuberculose, en particulier les contacts intradomiciliaires de cas avérés. Grâce à un dépistage actif réalisé par des binômes composés d’un infirmier et d’un Agent Communautaire pour la Recherche Active de cas (ACRA) au Cameroun ou d’un Attaché de Recherche Clinique (ARC) à Madagascar, le projet a pu cibler efficacement les bénéficiaires du traitement préventif.
Tout ceci a mené à des résultats scientifiques marquants. En effet, l’utilisation combinée de l’Intradermoréaction à la tuberculine (IDR) et de tests de relargage de l’interféron gamma (IGRA*), tels que le QuantiFERON-TB Gold Plus et le T-SPOT.TB, a permis d’évaluer de manière précise l’exposition à la tuberculose et le risque de développement de la maladie. Cette approche a révélé que près de la moitié des contacts intradomiciliaires testés avaient un test IGRA positif, soulignant l’importance d’une intervention ciblée.
Les analyses des performances des tests de dépistage ont montré que les sujets contacts avec une IDR positive à l’inclusion avaient un risque quatre fois plus élevé de développer une tuberculose active, suggérant que la valeur quantitative de l’IDR pourrait être un outil simple et efficace pour identifier les bénéficiaires du traitement préventif de la tuberculose (TPT). De même, les résultats des IGRA à l’inclusion ont été significativement plus élevés chez les individus qui ont développé la maladie, indiquant que ces tests pourraient affiner l’identification des personnes à traiter préventivement.
Cérémonie de clôture à Madagascar
En somme, grâce à APRECIT, 2084 personnes, incluant des cas index et des contacts intradomiciliaires, ont bénéficié d’une amélioration significative de leur qualité de vie. Le projet a également renforcé les capacités de recherche et de prise en charge de la tuberculose dans les deux pays, formant plus de 50 professionnels à l’intervention communautaire et à la réalisation des tests IGRA.
Rakotondrazanany Haro Lalaina, cheffe du Programme National de Lutte contre la Tuberculose à Madagascar, partage ses observations : “La stratégie fondamentale du PNLT a principalement reposé sur l’identification active des cas de tuberculose, avec une attention particulière portée à l’examen de certains contacts, en particulier les enfants âgés de 0 à 14 ans. Grâce au projet APRECIT, le Programme National de Lutte contre la Tuberculose a été significativement renforcé. Actuellement, le Ministère de la Santé Publique s’engage dans une phase proactive de dépistage, ciblant les cas d’infection tuberculeuse latente (ITL), pour améliorer le contrôle de sa propagation. Si le projet a été concluant, je recommande vivement l’extension des recherches aux régions les plus isolées de Madagascar, où le besoin est le plus pressant et où le manque de données entrave l’élaboration de stratégies de lutte efficaces.”
Dr. Niaina Rakotosamimanana, chef de l’Unité des Mycobactéries de l’IPM et responsable scientifique du projet APRECIT à Madagascar, de son côté, souligne l’importance d’un suivi rigoureux par le PNLT, malgré les défis financiers : “Les données d’APRECIT, cruciales, pourraient convaincre bailleurs et financeurs de soutenir des interventions concrètes. Malgré les obstacles rencontrés au départ, dont le Covid-19 et des données initialement inexactes, la collaboration internationale et locale, notamment avec la Fondation Mérieux et le CPC Cameroun, a rendu cette aventure enrichissante. Le futur se dessine déjà avec APRECIT Bis, visant à exploiter la biobanque collectée, et l’ambition d’étendre le projet dans plus de régions de Madagascar et pourquoi pas dans d’autres pays d’Afrique.”
Cérémonie de clôture au Cameroun
Alors que le projet se termine, les perspectives se concentrent sur la pérennisation des acquis et la mise en œuvre des stratégies de dépistage et de suivi de l’ITL élaborées. Le succès d’APRECIT offre un modèle réplicable pour d’autres régions à forte prévalence de tuberculose, soulignant l’importance de l’innovation et de la collaboration intersectorielle dans la lutte contre cette maladie.
La Fondation Mérieux et tous les partenaires impliqués restent dédiés aux efforts continus pour éradiquer la tuberculose, s’appuyant sur les solides fondations établies par le projet APRECIT.
*Un test IGRA, ou Interferon Gamma Release Assay, est un test sanguin utilisé pour détecter la tuberculose, en mesurant la réponse immunitaire du corps à la présence de la bactérie responsable de la TB.