Les discussions ont notamment mis en lumière la nécessité de renforcer le dépistage et la prise en charge des cas
Organisé par le ministère de la Santé publique, cofinancé par la Fondation Raoul Follereau et la Fondation Mérieux et en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), cet atelier a mobilisé des représentants locaux et internationaux spécialisés dans la lutte contre les maladies tropicales négligées ainsi que des représentants vivant avec la lèpre. Ensemble, ils ont examiné les défis persistants et défini les axes prioritaires pour construire une stratégie durable et efficace.
Les discussions ont mis en lumière la nécessité de renforcer le dépistage et la prise en charge des cas, notamment dans des environnements sensibles comme les écoles et les prisons. L’amélioration des systèmes de surveillance, la gestion rigoureuse des données et le suivi des contacts ont été identifiés comme des leviers essentiels pour accroître l’efficacité des interventions.
Parallèlement, les participants ont souligné l’importance d’une prévention renforcée grâce à des campagnes de sensibilisation communautaires ciblées, tout en développant des approches innovantes pour toucher les populations isolées.
Lors de l’événement, une personne touchée par la lèpre témoigne : « La lèpre est une maladie latente, souvent indétectable avant qu’elle ne se complique. N’importe qui peut être concerné sans même le savoir. En participant à cet atelier, je souhaite souligner l’importance d’intégrer un programme de lutte contre la stigmatisation des lépreux au PSN. Aussi, il est essentiel de sensibiliser le public aux symptômes de la maladie afin que chacun puisse détecter les signes avant-coureurs. La lutte contre la lèpre doit être une responsabilité partagée à tous les niveaux. »
Le renforcement des compétences des agents de santé a également été formulé comme un des défis principaux du programme. Des solutions modernes, comme la formation en ligne, pour offrir un accès équitable à des cours de perfectionnement ont été explorées. Une attention particulière a aussi été portée à l’amélioration de la gestion des stocks de médicaments, afin d’éviter les ruptures et de garantir un approvisionnement continu dans les structures de santé de base.
Docteur Andrianiriana Lovasoa Mbolamanana déclare : “ En tant que Chef du Programme National de Lutte contre la Lèpre à Madagascar, je détecte plusieurs défis pour atteindre l’élimination d’ici 2030. Les contraintes géographiques et les infrastructures limitées compliquent le dépistage et le suivi des patients. La pauvreté et la stigmatisation sociale freinent l’accès aux soins et retardent les traitements. Le manque de ressources financières et la nécessité de renforcer la surveillance épidémiologique exigent des approches innovantes et adaptées à notre contexte.”
Un témoignage soutenu par le Docteur Randrianantoandro Andriamira, Raoul Follereau : « Parmi les points les plus importants soulevés, j’insiste sur l’importance du dépistage des cas de lèpre afin de réduire la transmission, un dépistage qui peut être à la fois efficace et effectué dans tous les centres de santé. De plus, il est crucial de renforcer la prévention des invalidités liées à la lèpre et d’améliorer la prise en charge des handicaps, notamment par le biais de prothèses et de chirurgie. »
En somme, une étape décisive a été franchie avec la définition des grandes lignes du futur plan stratégique. Celui-ci mettra en avant des approches inclusives et intersectorielles, en impliquant les autorités locales, les ONG et les partenaires internationaux dans une gouvernance cohérente. De plus, l’engagement politique soutenu par des ressources suffisantes pour la lèpre serait souhaité de la part du gouvernement et du Ministère de la Santé Publique. La finalisation de ce plan est prévue d’ici le 26 janvier 2025, en hommage à la Journée mondiale des malades de la lèpre, avec pour ambition de lancer des actions concrètes dans tout le pays dès l’année prochaine.
“Ma vision est de transformer Madagascar d’un pays fortement impacté par la lèpre en un modèle régional d’innovation et de résilience sanitaire. Cela en formant massivement des agents communautaires et en digitalisant le suivi pour un dépistage et un traitement efficaces. Nous ambitionnons de créer un centre d’excellence et de recherche sur la lèpre pour faire de Madagascar une référence régionale en recherche et innovation. Tout cela dans le but de réduire la prévalence tout en développant un modèle exportable de santé communautaire participative.” Ajoute le docteur Andrianiriana Lovasoa Mbolamanana.
Situation 2023 de la lèpre à Madagascar
L’élimination de la lèpre à Madagascar d’ici 2030 reste un objectif ambitieux mais réalisable grâce à une mobilisation collective et une coordination renforcée. L’atelier d’Ampefy symbolise une étape cruciale dans cette lutte, apportant une vision claire et des actions concrètes pour construire un avenir où la lèpre ne sera plus une menace.