La Fondation Mérieux a co-organisé avec l’OMS et Aviesan la conférence, Ebola Vaccine : Where are we ? How to move forward ?, les 12 et 13 janvier au centre de conférences Les Pensières. La rencontre a permis de confronter les défis auxquels font face les chercheurs du vaccin Ebola et ceux des organisations internationales, gouvernementales et non-gouvernementales sur le terrain afin d’évaluer les approches les plus prometteuses à ce jour.
L’évaluation clinique d’un vaccin expérimental n’a jamais été aussi rapide. Les circonstances exceptionnelles posent des défis inédits. La communauté scientifique doit développer de nouveaux partenariats et coordonner ses actions afin d’accélérer la recherche et d’éviter une duplication des efforts. Les acteurs de santé publique doivent mettre dans la balance les considérations éthiques et le principe de précaution avec l’impératif de fournir au plus vite un vaccin Ebola aux personnels de santé et populations en première ligne. Au-delà du financement de la recherche, les fabricants de vaccin doivent envisager l’augmentation de leurs capacités de production pour couvrir les besoins des populations si leur candidat vaccin réussit la phase clinique. Qui doit assumer les risques d’un tel investissement ?
La conférence a permis de passer en revue les avancées du vaccin Ebola, notamment les dernières données de sécurité et d’immunogénicité des deux candidats vaccins en essai clinique de phases I et II. Alors que les essais d’efficacité de phase III vont commencer, les participants ont identifié les défis auxquels sont confrontés les chercheurs. Ils ont étudié, en particulier, les problématiques de conception et de méthodologie des essais cliniques dans les trois pays actuellement affectés. Face à une épidémie sans précédent, le développement de vaccins doit être ramené de 5 à 7 ans habituellement à seulement 12 à 18 mois.
« Comment faire si l’efficacité du vaccin ne peut pas être démontrée ? » est un questionnement des chercheurs. De l’avis unanime des participants, il est essentiel de recueillir suffisamment de données cliniques sur la sécurité et l’efficacité du vaccin avant que l’épidémie ne se résorbe. Pour les participants, dans ce contexte d’urgence et de délais courts, les essais cliniques de phase II et III doivent être menés en parallèle et non de manière séquentielle. Les autorités réglementaires ont été saluées pour avoir adapté leur approche à la crise, permettant aux chercheurs d’avancer plus rapidement avec des données préliminaires grâce à une analyse risque-bénéfice.
Le groupe a aussi débattu des questions socio-culturelles et éthiques soulevées par la recherche vaccinale. Médecins Sans Frontières a partagé les leçons tirées des épidémies passées et leur impact sur leurs interventions actuelles. Le fait d’associer la communauté pour le contrôle de l’épidémie est un facteur clé de succès.
Les experts ont conclu que le vaccin ne sera pas « la solution miracle » à l’épidémie actuelle, mais que cet outil sera indispensable pour limiter la dissémination d’épidémies futures.