La conférence incluait une table ronde durant laquelle les experts ont mis en avant ce qui, selon eux, constitue aujourd’hui les piliers de la lutte contre la RAM
L’événement s’est tenu le 17 décembre 2024 au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS, à Lyon. Organisée dans le cadre du Festival de la Santé Mondiale, la conférence coïncidait avec l’inauguration de l’Académie de l’OMS, à Lyon également.
Pour une action collective et coordonnée
Alain Mérieux, Président de la Fondation Mérieux
« La résistance aux antimicrobiens constitue une menace grave pour la santé mondiale. Nul n’est à l’abri, peu importe son âge ou son pays. » a rappelé Alain Mérieux, Président de la Fondation Mérieux, à l’ouverture de la conférence.
Des échanges entre les représentants de l’OMS, du Fonds mondial, du One Health Trust, de l’Université de Lorraine, de la Fleming Initiative, de la GARDP et de la Fondation Mérieux, une certitude ressort : il est indispensable d’agir de façon collective et coordonnée pour répondre à cette menace.
Yukiko Nakatani, directrice générale adjointe de l’OMS, a ainsi appelé à plus de collaboration pour atteindre les objectifs fixés en septembre dernier lors de l’Assemblée générale des Nations unies à New York : « la solidarité est cruciale. Il faut surmonter les barrières politiques et l’incertitude. Ensemble, les cibles peuvent être atteintes et plus de vies sauvées. »
Les pays à ressources limitées particulièrement vulnérables face à la RAM
Pascale Ondoa, Spécialiste des laboratoires médicaux, Fonds mondial
Les pays à ressources limitées sont en première ligne face à la RAM alors que l’accès aux antibiotiques reste encore un enjeu majeur dans de nombreux pays. C’est ce qu’a notamment rappelé Pascale Ondoa, spécialiste des laboratoires médicaux au Fonds mondial, citant une étude récente menée dans 14 pays d’Afrique subsaharienne, qui montre que « seulement 1 % des 393 laboratoires suivis [à cette occasion] peuvent réaliser des tests de bactériologie (culture et antibiogramme) », privant ainsi 163 millions de personnes d’outils de diagnostic essentiels.
Les diverses présentations ont pu mettre en avant les nombreux outils développés par l’OMS pour faciliter et accompagner les pays dans leur plan d’action.
Carolien Ruesen, CIDC, Pays-Bas
Carolien Ruesen du Centre for Infectious Disease Control aux Pays-Bas a expliqué l’importance de la surveillance et notamment du système GLASS (GLobal Antimicrobial Resistance and Use Surveillance System), tout en soulignant le risque de biais important dans l’interprétation des données.
Céline Pulcini de l’Université de Lorraine a notamment présenté le programme AWARE, proposant une classification des antibiotiques en 3 familles (premier choix, second choix ou cas spécifiques, dernier recours) et des recommandations de prescriptions pour les maladies les plus fréquentes.
Erta Kalanxhi, One Health Trust
Les intervenants ont ainsi rappelé l’importance de renforcer les structures de surveillance, mais également de prévention, qui prennent en compte la santé des populations dans leur globalité, notamment l’accès à l’eau potable, à la vaccination sans oublier l’amélioration des infrastructures sanitaires et d’assainissement. « Sans cela, les plans d’action nationaux sur l’AMR ne pourront pas porter leurs fruits » a insisté Erta Kalanxhi, du One Health Trust.
Clara Maure, responsable des relations extérieures, GARDP
Clara Maure, responsable des relations extérieures au GARDP a par ailleurs rappelé « [qu’] aujourd’hui, plus de personnes meurent d’un manque d’accès aux antibiotiques que de la résistance en elle-même. » soulignant de cette façon la complexe nécessité de lutter contre la RAM tout en améliorant la disponibilité et le bon usage des médicaments essentiels.
En parallèle, Raheelah Ahmad du Fleming Initiative a souligné l’indispensable rôle d’une information adaptée et ciblée pour le grand public autour des enjeux liés à la RAM, afin sensibiliser chacun sur les impacts potentiels d’un mauvais usage des antibiotiques.
Les stratégies clés pour limiter la RAM
La conférence comprenait également une table ronde durant laquelle les experts ont mis en avant ce qui, selon eux, constitue aujourd’hui les piliers de la lutte contre la RAM.
La surveillance, le diagnostic, l’utilisation appropriée des antimicrobiens (stewardship) et les plans d’action nationaux ont ainsi été remontés comme approches prioritaires.
Ces paramètres sont au cœur de l’action de la Fondation Mérieux concernant la lutte contre la RAM. Alain Mérieux, a ainsi rappelé l’indispensable collaboration entre tous les acteurs pour faire face « à ces adversaires qui ne connaissent aucune frontière, ni géographique, ni d’espèce ».
Yukiko Nakatani, directrice générale adjointe de l’OMS
Et Yukiko Nakatani de conclure, « Je voudrais exprimer ma profonde gratitude à la Fondation Mérieux pour avoir organisé un événement aussi crucial sur la résistance aux antimicrobiens. Votre engagement en faveur de la résistance aux antimicrobiens est très important pour nous, car le renforcement des capacités est essentiel pour améliorer la qualité des données et pouvoir prendre des mesures en conséquence. »