En bref
L’étude PEARL a été lancée au Liban en 2016 pour évaluer les proportions et la distribution des pneumonies communautaires attribuables à différents agents pathogènes viraux et bactériens parmi les populations réfugiées et libanaises, afin d’établir une base factuelle pour l’évaluation des risques épidémiologiques, concevoir des interventions de santé publique et développer des protocoles de traitement efficaces.
Contexte et objectifs scientifiques
La Fondation Mérieux a mis en place l’étude PEARL avec des partenaires locaux pour étudier les causes des pneumonies communautaires chez les populations réfugiées et libanaises dans la vallée de la Bekaa et la région d’Akkar/Tripoli (principaux points d’entrée des réfugiés syriens).
Cette étude a été menée de 2016 à 2019 dans le but de formuler des recommandations de prévention et de prise en charge thérapeutique et ainsi protéger cette population vulnérable.
Malgré les inquiétudes grandissantes concernant le nombre croissant de cas d’infections respiratoires dans les camps de réfugiés, les causes des pneumonies communautaires chez les enfants et les adultes en situation de crise humanitaire est inconnue.
L’étude PEARL est la première à établir systématiquement la prévalence et le rôle des micro-organismes pathogènes dans les voies respiratoires pendant une crise humanitaire.
Activités
- Étude cas-témoins prospective multicentrique incluant 686 cas et 686 témoins dans la vallée de la Bekaa et la région d’Akkar/Tripoli.
- Détection de virus et bactéries pathogènes dans les prélèvements nasopharyngés ou crachats, échantillons sanguins et urinaires.
- Analyse microbiologique des échantillons (typage moléculaire des virus par PCR multiplexe et séquençage de nouvelle génération) réalisé au Laboratoire Rodolphe Mérieux à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et dans le laboratoire de l’Université Libanaise de Tripoli.
Résultats
Les virus responsables à 81%
L’étude PEARL apporte un éclairage important sur les agents responsables des infections des voies respiratoires inférieures légères à modérées dans la population de Syriens réfugiés, de tous âges.
Dans cette population fréquentant les centres de santé primaire, il a été majoritairement observé des cas assez peu sévères de pneumonie (et autres infections des voies respiratoires inférieures). Les virus sont responsables de la grande majorité de ces infections, puisque 81% des cas sont attribuables à l’exposition de cette population à ces pathogènes.
La vaccination, une arme efficace
Si cela était possible, la vaccination de toute cette population -enfants comme adultes- contre les pathogènes respiratoires pour lesquels un vaccin existe (Influenza, Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae, Bordetella pertussis) pourrait éviter de nombreux épisodes infectieux. Les cas pourraient diminuer jusqu’à 43% si l’immunité contre ces virus était développé par la vaccination.
La surutilisation des antibiotiques
Cependant, il a été observé une consommation d’antibiotiques importante (32% parmi les cas) alors que les antibiotiques sont inefficaces contre ces virus. Cette prise d’antibiotique est souvent ignorée ou cachée (seulement 3% des cas ont déclaré avoir pris récemment un antibiotique). Dans cette population, des stratégies de réduction de la prescription d’antibiotiques pourraient donc être considérées.
Il a également été observé que la part des infections respiratoires attribuable à chaque pathogène varie considérablement d’année en année, selon l’âge des patients et selon la sévérité de la maladie. C’est pourquoi les proportions et distribution de pathogènes à l’origine de maladies, comme ceux cartographiés dans l’étude PEARL, varieront d’une situation à une autre.
Publication
Investigating Pneumonia Etiology Among Refugees and the Lebanese population (PEARL): A study protocol
Thomas Kesteman, Ali Ghassani, Crystel Hajjar, Valentina Picot, Marwan Osman, Zahraa Alnajjar, Florence Komurian-Pradel, Melina Messaoudi, PEARL Study Group, Hicham Ghazi Soulaiman, Philippe Vanhems, Octavio Ramilo, Dolla Karam-Sarkis, Josette Najjar-Pellet, Monzer Hamze, Hubert Endtz.
Gates Open Research 2018, 2:19 (doi: 10.12688/gatesopenres.12811.1)
Partenaires
Financiers :
Scientifiques :
- Université Saint-Joseph de Beyrouth
- Université Libanaise de Tripoli
- Association Al-Bashaer
- Association Amel
- Hôpital de Chtoura
- Bioteck
- BioFire Diagnostics
- Université de Lyon
- Fondation Mérieux
- Nationwide Childrens’ Hospital, Ohio (USA)